Tribune Citizen of the Ocean – « Nous sommes la Génération Océan »

À l’initiative de Nausicaá, Centre national de la mer, et en collaboration avec une trentaine de partenaires internationaux, 200 jeunes âgés de 18 à 30 ans, représentant 69 pays, ont formé la coalition Citizen of the Ocean. Activistes, scientifiques, chercheurs, artistes ou entrepreneurs, ces jeunes engagés lancent un appel fort aux décideurs du monde entier, à deux mois de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3), qui s’ouvrira le 9 juin 2025. À Nice, ils présenteront leur manifeste et porteront la voix d’une génération résolue à replacer l’océan au cœur des priorités politiques mondiales.

« Nous sommes la Génération Océan. À Nice, nous ferons entendre notre voix »

Nous sommes la Génération Océan. Depuis notre naissance, nous vivons avec l’idée d’un monde marin menacé. Acidification, surpêche, effondrement de la biodiversité, montée des eaux, pollution plastique : ces réalités ne sont pas des concepts abstraits. Elles forment le décor de nos existences, influencent nos choix, nos études, nos luttes, elles affectent déjà nos communautés, nos cadres de vies, imprègnent notre quotidien.

L’Océan est l’un des fondements de la vie sur Terre. Il régule le climat, nourrit les populations, relie les cultures, soutient la santé planétaire. Pourtant, il reste le grand oublié des décisions internationales, souvent considéré comme une variable d’ajustement ou un puits à ressources, plutôt qu’un système vivant à préserver. Nous refusons que cette marginalisation se poursuive. Nous savons que les décisions prises aujourd’hui engageront durablement l’avenir du vivant, et nous n’acceptons pas d’en être absents.

Un manifeste pour une Planète, une Santé, un Océan

Nous, jeunesse mondiale issue de 69 pays – scientifiques, activistes, étudiants, professionnels de la mer, artistes, éducateurs – avons uni nos voix pour rédiger un manifeste. Ce texte porte une vision politique construite à partir de nos réalités de terrain, de nos savoirs partagés et de nos engagements quotidiens.

Nous y affirmons l’importance de renforcer l’éducation à l’Océan dans tous les parcours de formation, selon une approche transdisciplinaire. Nous appelons à élargir l’accès aux données, à soutenir la recherche ouverte, à encourager la coopération entre disciplines, entre cultures, entre générations. Nous plaidons pour que les savoirs autochtones soient reconnus comme leviers de décision à part entière. Nous défendons une gouvernance plus inclusive, où les jeunes puissent participer, dans la durée, à la conception, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques maritimes.

Nous y défendons un principe simple : l’Océan est un bien commun mondial. Sa préservation ne peut être l’affaire de quelques-uns, ni être reportée à demain. Elle exige des droits partagés, une justice intergénérationnelle assumée, et une vision collective de l’avenir.

Nous appelons à replacer l’Océan au cœur de la santé planétaire. La santé des écosystèmes marins et d’eaux vives, celle des populations humaines, et celle du climat sont indissociables. La reconnaissance du lien entre une planète, une santé, un océan — One Health, One Planet, One Ocean — doit guider les politiques publiques à venir.

Ces propositions sont le fruit d’un élan collectif. Elles prolongent des engagements déjà bien vivants, portés chaque jour sur le terrain. Dans les salles de classe, les laboratoires, sur les littoraux ou au cœur des réseaux citoyens, partout dans le monde, des alternatives prennent forme. Mais trop souvent, notre énergie se heurte à l’absence de soutien, de place et de reconnaissance. 

Ce que nous demandons, c’est de pouvoir contribuer aux décisions à venir à la hauteur de notre engagement quotidien. Ce manifeste incarne une génération qui prend sa part, qui exige d’être associée aux décisions à la hauteur de sa responsabilité — car l’avenir qui s’écrit maintenant sera le sien, et pour des décennies.

La Conférence de Nice doit ouvrir un nouveau cycle

La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan, qui s’ouvrira en juin prochain à Nice, ne peut se contenter d’ajouter un sommet de plus à la liste des rendez-vous océaniques. Elle doit marquer un changement de paradigme : reconnaître l’Océan comme une priorité politique globale, et faire entrer de nouveaux acteurs dans les espaces de décision. La jeunesse, les communautés marginalisées, les détenteurs de savoirs locaux ne peuvent plus être cantonnés au rôle de témoins. Ils doivent devenir des parties prenantes à part entière.

La France a toujours su être le pays des Lumières et des idées en mouvement. Nous espérons qu’en juin prochain, elle saura, une fois encore, faire entendre une voix claire et engagée. Depuis Nice, qu’une lumière bleue se lève sur l’océan — à l’heure où l’instabilité du monde relègue les enjeux climatiques au second plan. Non comme un éclat passager, mais comme un éclairage durable sur ce que l’océan représente, et sur les menaces qui pèsent sur lui. Un éclairage qui dise, avec force, ce que l’Océan incarne, ce qu’il relie, et surtout ce qu’il exige de nous, ici et maintenant.

Nous sommes la Génération Océan. Une génération lucide, active, résolue. Une génération ne demandant pas qu’on la regarde, mais qu’on construise avec elle. Une génération qui ne craint pas l’effort, mais l’indifférence : à Nice, elle fera entendre sa voix.

*Tribune portée par la coalition Citizen of the Ocean*, composée de 200 jeunes issus de 69 pays (liste des jeunes internationaux en annexes) et organisée par Nausicaá – Centre national de la mer.

*La coalition Citizen of the Ocean est soutenue par :

• La Décennie ONU de l'océan
• ECOP Programme
• COI/UNESCO
• IPOS
• International Ocean Institute
• World Ocean Network

* En Afrique : Bénévoles des Océans du Cameroun, Wildtrust, WOMESA Kenya
• En Asie : Amity University, Coral Wall Diving and Research Centre, Mobius Foundation, National Marine Foundation, TERRE Policy Center
• En Europe : Coalition EU4Ocean, EurOcean, Fonds de dotation Nausicaá, Institut d’Océanologie de l’Académie polonaise des Sciences, Université de Ghent, Today We Have, Youth4Ocean Forum, Youth Environment Europe 
• En Amérique du Nord : Mote Marine Laboratory & Aquarium
• En Océanie : Office of the Pacific Ocean Commissioner, Save the Children New Zealand, WWF Nouvelle-Zélande
• En Amérique du Sud : CeDePesca / Comité argentin de l’UICN, Planeta Océano, Sustainable Ocean Alliance, Youth Climate Council Costa Rica

Citizen of the Ocean a été labellisé La Mer en Commun par le Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, dans le cadre de l'Année de la Mer 2025.

Cette action est cofinancée par le programme Erasmus+ de l'Union européenne dans le cadre du projet Youth Ocean Advocacy and Leadership. Les opinions exprimées dans les documents de travail, livrables et rapports sont celles des partenaires du consortium du projet. Ces opinions n'ont pas été adoptées ni approuvées par la Commission et ne doivent pas être considérées comme représentant les vues de la Commission ou de ses services. La Commission européenne ne garantit pas l'exactitude des données contenues dans les documents de travail et les rapports, et n'assume aucune responsabilité quant à l'utilisation qui pourrait en être faite.